mercredi 7 mai 2014

Depuis Paris....



Après avoir longé l'Oise et traversé Robertval, nous marchons dans la forêt de Halatte et grimpons le Mont Pagnotte sur les  terres du premier roi de France, Hugues Capet élu à Senlis et couronné à Noyon. 
Nous nous sentons soudain déphasés en traversant une fête foraine tonitruante avant de rejoindre au cœur de la cité médiévale de Senlis la plus petite cathédrale de France...Nous apprenons que notre hôtel se trouve bien à l'extérieur de la ville. Pas de laverie dans le coin...On sortira le Génie express sans frotter et la corde à linge!
3 mai...heureux anniversaire Jean-Martin! Il me répond que c'est moi qui ai pris un fameux coup de vieux...La vérité sort de la bouche des enfants...Bien d'accord avec 60 piges...Tant pis,je tacherai pourtant de faire 25 km à pied avec 10 kg sur le dos. Et toi,JM, bon BBQ et feu de bois à Cambron avec Julie et les copains !
Les petits Goffin vus sur Skype nous racontent les derniers scoopes de Cambron: l'apéro avec parrain, les chats, les 11 œufs des poules, l'école et les nuits chez les copains...

De Senlis, nous traversons la forêt de Chantilly sous le soleil printanier et le ciel aussi bleu que les jacinthes qui embaument l'air pur de ce dimanche frais. Comme les pèlerins d'Emmaus, nous avons pourtant le cœur brûlant en suivant la chaussée ...Brunehaut forestière  jouxtant les pistes sablonneuses pour les galops d'entraînement . Nous pique-niquons au soleil sur un banc le long de la Thève poissonneuse qui coule sous un joli pont de pierre à Coye-la-forêt .Nous nous retrouvons ensuite sur le chemin de la reine Hortense,fille de Joséphine de Beauharnais devenue reine de Hollande lors de son mariage avec Alexandre, frère de Napoléon . Elle aimait parcourir ce sentier ombragé pour se rendre de son château du Baillon à l'abbaye de Royaumont, fondée par St Louis. Les touristes attendent une visite guidée ...Nous nous souvenons de la belle cuisine et du cloître gothique ainsi que des ...superbes latrines en pierre placée sur un canal d'irrigation .Les cisterciens au 13ème ne transigeaient pas avec l'hygiène collective...à exporter de toute urgence en Haïti pour lutter contre l'épidémie de choléra. Bon courage les Lulus!
Le temps de feuilleter quelques beaux livres et de faire tamponner la crédenciale et il faut repartir encouragés par quelques marcheurs admiratifs...Un orvet paresse au soleil, un papillon vole, un bourdon bourdonné, une abeille butine...Et nous marchons, marchons...Chacun, sa tâche...Mais à choisir être un orvet me réjouirait et j'en connais qui l'approuveraient...Nous traînons un peu la patte en cette fin d'après-midi bien ensoleillée et avons hâte de trouver l'auberge à  Viarmes dans le Val d'Oise. Une galette bretonne et une bolée de cidre brut feront notre affaire ce soir-là...

Pas le temps de paresser non plus ce lundi...30 bornes à parcourir aujourd'hui et demain pareil pour atteindre Paris. Hier, pourtant,  un panneau sur un pont indiquait 35 km par l'A1...Évidemment, pas de GR par là et nous ne supportons plus que l'air pur et le chant des oiseaux!
Mais où sont passées les dernières chaussettes propres dans cet amas de sachets sortis du sac? Ben...dans celui qui est resté sous le couvre-lit! En route...

Nous avalons un croissant acheté à la hâte dans la boulangerie en croisant des enfants qui reprennent le chemin de l'école. À Luzarches, un bon café sous la belle halle en bois et puis nous entrons dans la belle église romane au son...d'une marche de Haendel ! Nous n'en demandions pas tant... L'organiste éclate de rire en voyant notre air ahuri...Il répète pour l'entrée des militaires lors du 8 mai. Sur ses conseils,nous admirons une vierge à l'enfant, une reproduction du Christ au tombeau d'Holbein et nous saluons St Louis caché dans le feuillage d'une clé de voûte. Pour notre sortie,le musicien choisit un air du liégeois César Franck en notre honneur...Comment diable avait-il deviné que nous étions belges?
Des cloches lointaines sonnent l'Angelus, nous pensons à notre chère Agnès Devroede et sa famille attristée par son départ . Je la revois cuistote dévouée nourrissant avec bonne humeur les patronnées d'Enghien, astiquant les grands chaudrons et participant avec entrain aux veillées. Je me souviens aussi de son goût pour l'alpinisme au camp du Val Martello. Une belle figure qui a marqué notre jeunesse de manière indélébile. Merci Agnès !
Durant la marche solitaire, les paysages défilent mais aussi les visages des morts toujours vivants et des vivants lointains tellement présents avec leurs joies, leurs attendes, leurs soucis...tout ce que certains nous ont confié avec tellement de simplicité ...La marche n'est vraiment pas solitaire: vous êtes tous de plus en plus présents .
C'est l'heure de la petite pause fruits...Nous nous adossons à notre sac à un croisement de chemins...jonction avec le raccourci  qui vient  de Coye-en-Forêt...18km de raccourci ratés..bah, on avait dit "placide", je crois ?

Soudain en haut d'une côte, à Chatenay-en-France, nous apercevons dans le lointain légèrement brumeux Montmartre, la tour Eiffel et la tour Montparnasse puis aussi la Défense ...On approche du terme de notre première longue étape .
Nous passerons la soirée chez une charmante hôtesse dans l'ancien presbytère de Le Mesnil-Aubry à deviser sur les plantes du jardin, les bienfaits de son fauteuil de massage, son mari musicien décédé ,l'organisation de nos paroisses et de bien d'autres sujets...

Quelques gouttes le matin n'arrêtent point les pèlerins ...Nous contournons le superbe château d'Ecouen,musée de la Renaissance, visité autrefois par deux fois avec 50 élèves ...dans une autre vie...Les petites agglomérations se rapprochent, le réseau routier se resserre mais le GR parvient encore à nous offrir quelques jolis bois comme  Richebourg et sa butte Pinson qui nous amène en Seine-St Denis...Les affiches en rouge disent non à l'austérité et plaident pour plus d'égalité et de partage des richesses...Rien n'aurait-il changé depuis la Révolution? 

Les noms de rue évoquent des résistants et des colonels FFI communistes tombés sous les balles de la Gestapo en août 1944 ...Liberté, j'écris ton Nom...Espace Paul Eluard... Centre du Secours catholique...Cité Floréal... Campements pour gens du voyage...Enfin, après 2,5 km d'air pur dans le Parc paysager de la Courneuve nous débouchons ...sur la basilique...Il nous reste à prier et remercier ST Denis et ses comparses Rustique et Eleutère dans la crypte et à saluer Dagobert, Carolingiens, Capétiens, Valois et Bourbon au cœur de leur belle nécropole gothique pour clore le Camino jusque Paris.
Merci à notre belle-sœur Danièle pour l'hébergement parisien tout confort !

Comme annoncé, nous rejoignons Cambron par le TGV pour revoir Lucie qui nous revient de Haïti pour une dizaine de jours, pour assister samedi à un mariage, dimanche à la communion de Siméon, le samedi suivant à la fête de l'école de Lombise (bienvenue à tous !) et le lendemain dimanche, aux fiançailles de Thomas et Stefania ! 

Nous reprendrons le train le 21 mai pour reprendre le Camino là où nous l'avons abandonné et à bientôt pour de nouvelles aventures !

Marie-Françoise

1 commentaire:

  1. Passionnant de vous suivre à travers ce journal. Amitiés, Béatrice

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